jeudi 7 septembre 2017

Extrait de Noire hémoglobine, Marianne et le garçon noir, Léonora Miano

"En France, les brutalités policières – assorties ou non d’injures racistes –, la surveillance constante, prennent vite des allures colonialistes, faisant des groupes minorés, des colonisés de l’intérieur. Pour les hommes, la menace est constante. Femme, jamais je ne fus contrôlée par la police, pas même au cours des périodes les plus difficiles de ma vie, alors que j’étais à la fois sans domicile fixe et sans titre de séjour3, une de ces ombres errant dans la ville, une des cibles désignées des ayants droit de l’espace public. On me laissait passer ma route, j’étais louche, mais ne troublais pas trop la paix. Je connus, en revanche, au cœur de la nuit, l’appel téléphonique du compagnon qui, se trouvant dans la même situation, avait quant à lui été arrêté par la police et me l’apprenait depuis le centre de rétention. Ce sont les hommes que l’on surveille en particulier. Ce sont les hommes qui font le plus fréquemment l’objet de confrontations musclées, parfois létales, toujours dégradantes, avec les forces de l’ordre. Ce sont les hommes qui font l’expérience de l’incandescence du frottement des épidermes, ce télescopage des masculinités dont la signification déborde le domaine du corps, mais qui s’exprime à travers lui4."
Marianne et le garçon Noir

http://liseuse-hachette.fr/file/40886?fullscreen=1#epubcfi(/6/8[chap1]!/4/2[chap-001]/4/2/1:0)


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